Cela fait un bon moment que je n'ai plus trop le temps d'écrire dans ce forum. Pourtant l'actualité politique ne manque pas et la situation du pays n'est pas sans présenter quelques raisons de s'inquiéter.
Bien sûr ce n'est pas la première fois que nous restons longtemps sans gouvernement et la Belgique est toujours là, mais il me semble que, cette fois, l'état d'esprit est un peu différent. J'ai l'impression que le sentiment dominant chez la plupart des gens que je croise est un mélange de lassitude et de résignation.
Lassitude de ces incessantes attaques du Nord à l'encontre du Sud, comme des affaires de corruption qui grèvent la santé politique et économique d'un Sud livré aux incompétents arrivistes. Résignation devant un effilochage de plus en plus visible du tissus national.
Je pense très sincèrement que le fait de diviser en deux, trois, ou quatre entité un petit confetti comme la Belgique est un stupidité sans nom. Mais combien de divorce sont prononcés alors que les ex conjoints avaient tout pour être heureux?
Je pense que la fédéralisation de l'état a sonné le gla de la Belgique en tant qu'état unitaire. La Flandre glisse peu à peu vers un isolationnisme identitaire favorisé par le repli sur soi que permet la régionalisation. La Wallonie, quant à elle, a vu se renforcer les baronnies locales qui ont instauré dans nos villes un régime particratique qui n'a qu'une très vague parenté avec le démocratie. L'un comme l'autre de ces travers ne pouvait se développer avec autant de dangerosité dans un état unique.
Ceux qui ont fondé la Belgique étaient déjà conscient de cette nécessite de maintenir des liens solides entre les deux communautés linguistiques. Comment en douter alors que la devise qu'ils donnèrent à ce pays faisait déjà allusion à deux entités différentes? L'union fait la force ; Pensons nous qu'à l'époque, déjà, il ne s'agissait que d'une formule à l'emporte pièce dont le seul but était de caresser les oreilles de l'électeur? Non! Il s'agissait au contraire du constat et de la conscience de la nécessite de s'unir pour exister. La présence de la Belgique au nombre des fondateur de la SDN, du BéNéLux et de l'Europe confirme cette volonté et cette conscience qu'avaient nos anciens de l'absolue nécessité d'unir les peuples au delà de leurs différences.
Mais, à l'époque de la création de l'embryon européen, de grands défis étaient à relever. Pas seulement des défis inspirés par des modes, le marketing, la démagogie ou le profit, mais de vrais enjeux qui mettaient sur le tapis la vie et la survie de la population. Les effets de la politique menée par nos dirigeants étaient visibles immédiatement et la réprobation populaire était violente à l'égard de ceux qui auraient fait preuve d'incompétence.
Aujourd'hui qui est menacé de mort dans notre pays? Qui crève de faim un ticket de rationnement dans la main? Qui voit mourir ses enfants sans pouvoir les faire soigner? Très peu de nos compatriotes et le plus pauvre d'aujourd'hui fait figure de privilégié face à ce que vécurent nos arrière grands parents. Dans notre confort, fait d'individualisme et de matérialisme, notre esprit critique se limite à la défense de notre intérêt immédiat et plus aucune vision à long terme n'inspire nos réflexions. Cela laisse le champ libre à l'incompétence des démagogue que nous avons porté au pinacle et qui n'ont de talent que pour s'arroger le bénéfice d'une réussite, ou pour rejeter la responsabilité d'un échec sur d'autres.
Cette lente évolution de l'état d'esprit de la population, ne peut que mener à la division du pays. Je le regrette profondément, mais je crains pour l'avenir de la Belgique et je pense que nous perdrons tous, flamands et wallons, dans cette stupidité qui ne profitera qu'à quelques uns.
Dans le commerce on a l'habitude de dire que le grand père crée le commerce à force de travail, que le père le développe à force de gestion et que le fils le met en faillite à force de gaspillage. Je crains fort que nous n'en soyons à la troisième génération.