Combien de fois avons-nous déjà entendu cette sentence?
Lorsque nous étions jeunes (enfin ... Disons "encore plus jeune", je ne suis pas un ancêtre hein, bon!), elle nous était adressée et nous la trouvions injuste. Aujourd'hui c'est à nos enfants que cette accusation est portée. Le fait de décréter que les jeunes ne valent rien est à manier avec beaucoup de prudence car, ces jeunes, c'est nous qui les avons élevés.
Mais que leur offrons nous à nos jeunes?
Un enseignement qui n'a de performant que ce que les politiciens en disent, des activités et des centres d'intérêts qui n'ont de formateurs et d'intéressant que ce que les spécialistes en marketing affirment, un avenir que nous ne cessons de prédire noir et désespéré. Après tout ça nous voudrions qu'ils soient confiants en l'avenir et entreprenants? Faut pas pousser quand même!
Et pourtant, je ne me contente pas de décrire un tableau apocalyptique et sans espoir.
Ce week-end est organisée une manifestation sportive dans mon petit village de Grand-Axhe, c'est une course de quad, une endurance de 4 heures sur circuit. Banal me direz vous? Pas tant que cela, il faut connaître l'histoire de ce qui est une véritable aventure pour les jeunes qui en sont à l'origine ; pour l'un d'entre eux en particulier.
Le gars en question est l'un de mes cousins, il se nomme Greg et malgré un parcours scolaire peu évident et plutôt réduit à sa plus simple expression(à l'image du parcours scolaire de votre serviteur d'ailleurs), ce garçon n'est pratiquement jamais resté inactif. Employé en carrosserie, ouvrier d'entretien dans un golf, ouvrier de maintenance dans une sucrerie, ouvrier dans une entreprise de traitement des gaz industriels et médicaux, charpentier couvreur, ... et tout ça jusqu'à l'âge de 26ans ou une blessure de son adolescence se rappelle douloureusement à son bon souvenir par un grave problème dans le genou. Une famille composée d'une charmante épouse et d'une adorable petite fille à faire vivre et le seul revenu de la mutuelle pour survivre. Pire, l'inactivité durant des mois de rééducation et l'ennui qui le rendent à moitié fou, lui qui a l'habitude de faire preuve d'activités multiples et débordantes.
Mais quel est le rapport avec les bruyants engins à moteur dont je parlais au début, me direz vous? J'y viens.
Ce garçon, incapable de rester inactif, trouve à s'occuper en bricolant les vélos ou les mobylettes de ces amis, simple hobby qui lui fait rencontrer, par hasard, cette drôle de moto sur laquelle on peut rester assis sans se blesser les genoux. Il en répare quelques uns, pour le plaisir. De fil en aiguille sa compétence est reconnue chez les adeptes de ce moyen de locomotion, son dynamisme et la passion qu'il met dans ce qui devient dangereusement professionnel, le font connaître et c'est très naturellement qu'il organise une première compétition en 2005 dans notre village. Compétition dont l'organisation est encensée par des articles dans la presse nationale et régionale.
Même parmi la population du village, les voix s'élèvent pour saluer cette manifestation qui mit de la vie dans notre petite communauté rurale. Le comité de quartier, bien éloigné des sports moteur, donne lui aussi son aide et son soutiens à ces jeunes pleins de ressources et d'énergie.
Cette année, deuxième édition de l'endurance. Au vu du succès inespéré de la première mouture de l'évènement, le circuit est cette fois tracé dans un champ éloigné des habitations et dont les accès ne nécessitent pas de traverser le village.
Mais voila, un mail, un seul, prouve à quel point le dynamisme n'est pas toujours compris. Une personne (anonyme bien évidemment) à fait parvenir un courrier électronique dans lequel elle menace de déposer une plainte auprès du procureur du roi en raison du bruit qui risque de la déranger durant son repos dominical.
J'ai répondu à cette personne et je vous livre ma réponse ici.
De blessé à charge de la mutuelle, Greg est devenu indépendant à temps plein, il fait vivre plusieurs personnes et plusieurs commerce par l'activité qu'il génère. Il donne accès à une journée de distraction et d'amusement aux habitants du village, et ce GRATUITEMENT et sans aucune aides publique autre que les autorisations communales qui lui furent accordées.
Est ce l'image d'un jeune qui ne fout rien?
Je ne roule pas en quad, j'ai conscience que durant quelques heures il y aura du bruit aux abords du village, mais alors, doit-on tout arrêter sous prétexte que ce n'est pas notre sensibilité?
Je laisse libre cours à vos réflexions sur ce sujet.